Djebar Kaci : « la jeunesse demande la chute du régime »

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Mis à jour le 09/03/2021 | Publié le 15/03/2019

Si le régime algérien n’a plus de roi valide sur son fauteuil il n’en demeure pas moins créatif dans la négation de la Constitution selon Djebar Kaci, organisateur de la manifestation pour la libération de tout Algériens ici à Marseille. « Pour » car l’antagonisme entre les manifestants et le système au pouvoir en Algérie pourrait se résumer au « Pour » versus « Contre ».

Les « pour » ne sont plus dupes des manœuvres des professionnels de la contre révolution. Car en premier lieu, si les Algériens ont embrassé la lutte pacifique contre le régime c’était déjà pour que ce dernier ne soit pas coupable d’une énième violation de ses fondements constitutionnels.

Art. 102 / CONSTITUTION ALGERIENNE

« Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement.
Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l’état d’empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres et charge de l’intérim du Chef de l’Etat, pour une période maximale de quarante cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation, qui exerce ses prérogatives dans le respect des dispositions de l’article 104 de la Constitution… »

Suite à cette tentative délibérée de contournement de la Constitution et face à la détermination d’un peuple marchant à l’unisson de sa dignité, le pouvoir cède tout en essayant une autre manœuvre fallacieuse. Ajoutant au passage une ligne de plus à sa longue histoire de détournement constitutionnel au service d’un pouvoir aujourd’hui moribond. Comment face à ces turpitudes demander à Djebar Kaci et au peuple d’abdiquer. Si Mr Bouteflika reporte les élections, les manifestants eux n’ont plus l’intention de rentrer dans leurs pénates tant que la Constitution et leurs droits démocratiques ne seront pas respectés.

Art. 110 / CONSTITUTION ALGERIENNE

« Pendant la durée de l’état de guerre, la Constitution est suspendue, le Président de la République assume tous les pouvoirs. 
Lorsque le mandat du Président de la République vient à expiration, il est prorogé de plein droit jusqu’à la fin de la guerre. 
Dans le cas de la démission ou du décès du Président de la République, ou tout autre empêchement, le Président du Conseil de la Nation assume en tant que Chef de l’Etat et dans les mêmes conditions que le Président de la République, toutes les prérogatives exigées par l’état de guerre. 
En cas de conjonction de la vacance de la Présidence de la République et de la Présidence du Conseil de la Nation, le Président du Conseil constitutionnel assume les charges de Chef de l’Etat dans les conditions prévues ci-dessus. »

Le régime assoiffé de cynisme propose dans son délitement des nouvelles têtes aux idées bien ancrées dans le système qui a conduit le peuple à témoigner de l’expression de sa défiance au régime des copains. Djebar Kaci les connait tant ils sont au cœur de la fabrique du système véreux à l’œuvre en Algérie.

La majorité des manifestants qui bat le pavé de Marseille à Alger en passant par toutes les villes du monde qui ont en leur sein des Algériens, demande la chute de ce régime bien plus que corrompu c’est à dire indigne aux yeux de cette jeunesse en mouvement. « Chaab yourid sekkat nizam », « La jeunesse demande la chute du régime », voici ce que scandent les unis du peuple algérien au gardien de la déchéance de la nation algérienne. Mais le pouvoir, selon Djebar Kaci ce n(est pas seulement les décisionnaires, c’est aussi cette fausse opposition qui par opportunité a trempé la main dans la marmelade du système. Cela non plus le peuple algérien n’en veut plus.

Il faut donc rester vigilant dans le choix de cette nouvelle représentativité que Djebar Kaci appelle de ses vœux. Il est vrai que l’Algérie ne manque ni de bras, ni de cerveaux capables de relever les défis d’une Algérie enfin libre et démocratique.

Un peuple qui se lève n’est pas juste un élément médiatiquement spectaculaire, il brasse des faits, des histoires que l’on croyait enterrées avec les hommes et les femmes qui les gardaient en eux. L’histoire entre la France et l’Algérie ne s’arrête pas à une guerre ou à un accord de séparation à l’amiable.

Car en effet, si le régime tombe dans les mains de la jeunesse assoiffée de liberté, la démocratie qui en sortira voudra tout savoir des accointances entre la France et l’Algérie en matière économique car sous couvert d’un jeu politicien d’attraction répulsion des deux pays, des fortunes algériennes et françaises ont profité et profitent encore de ce système de prébende organisée. Djebar Kaci l’évoque car il sait que dans cette histoire des deux rives, ceux qui sont à la tête du système marchent sur des œufs.

Mais l’ingérence peut être aussi une notion positive si l’on questionne la situation des femmes algériennes engagées aux cotés des hommes dans la lutte pour cette nouvelle Algérie démocratique. Il faut donc sortir des belles expressions des politiciens véritables professionnels en tout matière mais de fait, agents influents de paroles vide sans avenir. C’est pour cette raison que Djebar Kaci invite tous les Algériens, hommes et femmes de la société civile à participer à une forme de refondation constituante des règles démocratiques de la future République égalitaire algérienne.

« Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». L’Algérie est un pouvoir à plusieurs visages, dont l’un des tenanciers est en l’état l’armée. Elle se gave des dividendes de son autorité militaire.

Il va de soi que les manifestants s’opposent au clan Bouteflika qui fait office d’image officielle du pouvoir mais l’armée en sous main est le véritable sélectionneur de l’équipe d’Algérie de détournement de fonds publics en bande organisée autour d’un chef roulant en fauteuil. Dans ce cadre, on peut se demander où Djebar trouve la force de croire que le pouvoir militaire se rangera du coté des manifestants.

Le principe d’un mouvement révolutionnaire implique des changements profonds dans la société qui l’habite. La dynamique en cours en Algérie et dans l’esprit de chaque citoyens et citoyennes de cette nation doit participer à une réécriture de ces fondamentaux démocratiques.

La question est : qui doit écrire cette nouvelle histoire du peuple Algérien ? Djebar n’oublie le passé mais veut s’en servir pour ne pas faire trahir encore une fois l’aspiration à la liberté de tout un peuple sortie d’une insupportable nuit. Ainsi la feuille blanche sera remplie du désir de liberté du peuple algérien dans sa diversité.