L’accueil de jour de Marseille, sauvé par ses salariés

Rédigé par :
Publié le 13/06/2019

« L’ADJ se meurt, tous unis contre l’exclusion sociale » pouvait-on lire sur un panneau lors d’un rassemblement organisé par les travailleurs sociaux inquiets de l’imminente fermeture de l’accueil de jour (ADJ). Dès 2018, ils multiplient les appels à l’aide devant les fenêtres de la Préfecture, de l’Hôtel de ville ou encore de la Région. Au terme de mois de luttes et d’espoirs, les subventions sont finalement maintenues (Région, CPAM), une subvention exceptionnelle est accordée par l’Etat et seule la subvention dédiée à l’action précaire, octroyée par la Ville de Marseille est diminuée, rappelle le rapport d’activité.

La pétition lancée sur internet rappelle que « 365 jours par an, week-end et jours fériés, les 39 salariés de l’Accueil De jour, infirmières, agents d’entretien, travailleurs sociaux, secrétaires et agents d’accueil, œuvrent comme acteurs de la Cohésion sociale. 39 salariés qui s’emploient à créer, maintenir et restaurer le lien social dans le paysage marseillais et ce dans un système social carencé.

En 2017, sur l’accueil de jour Marceau, le nombre de personnes reçues augmente de 23% alors que nos effectifs baissent de 10%. En sous-effectif, nous maintenons notre activité dans des locaux onéreux et inadaptés. L’Accueil De Jour, c’est plus de 6500 personnes accueillies, 1162 personnes domiciliées administrativement, 300 suivis par référent social, 18 000 douches, sans compter toutes ces personnes que la société tente de rendre invisibles dans nos rues et qui voient pointer le risque d’être désormais sans lieu de mise à l’abri et d’accès aux droits fondamentaux. Car aujourd’hui, les difficultés financières sont telles que salariés et usagers sommes clairement menacés de perdre nos emplois pour les uns, de ne plus disposer d’un lieu ressource pour les autres. Ces difficultés sont dues des baisses de financement qui ne cessent de s’accentuer depuis 3 ans. »

Le 5 juin 2019, dans les locaux de l’association Fraternité Belle de Mai dans le 3ème arrondissement de Marseille, l’équipe de salarié-e-s est heureuse de convier sa première assemblée générale publique en présence des personnes qui l’ont soutenue et des représentants du conseil départemental.

La feuille tremblante à la main, l’émotion monte au fil des témoignages qui rappellent les spécificités de l’action sociale et leur engagement humain auprès des invisibles de la rue.

Le directeur « Le fait d’accueillir se travaille tous les jour en profondeur et il faut des moyens. Charles Péguy parlait « D’arracher les misérables à la misère », notre vocabulaire a bien changé on parle maintenant de SDF » :

Eva, salariée très impliquée dans le sauvetage de l’accueil de jour : « nous rappelons que un homme, une femme, un étranger, un vieux, un jeune, un malade, a encore des droits et une place dans notre société »:

Gilles, salarié de l’ADJ revient sur la notion d’accueil. « Nous avons observé une évolution dans le public, au début on accueillait principalement des hommes isolés d’origine française ou ayant un titre de séjour, depuis deux ans nous recevons de nombreuses personnes migrantes dont des jeunes femmes avec enfants et il n’y a pas de place pour eux à Marseille c’est pourquoi ils viennent à nous mais aucun dispositif n’existe pour eux sous prétexte qu’ils n’ont pas de papiers donc pas de droits. Nous devons nous adapter c’est très difficile et cela montre à quel point l’ADJ est poreuse avec la rue et qu’il n’y a pas de frontière entre l’ADJ et la rue. »:

Extrait du documentaire : La folie de l’abandon de Gérard Miller et Anaïs Feuillette « La société fonctionne d’une manière telle que il lui est nécessaire qu’il ait des morts dans la rue, ne vous imaginez pas qu’il y a de liberté possible en dehors des contraintes de la normalité. » :

Michelle, la notion de l’accueil inconditionnel :