Rapport – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, ces institutions financières européennes impliquées dans l’économie de l’occupation et du génocide en Palestine

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Publié le 25/11/2025

Le 5ème rapport Don’t Buy into Occupation identifie 1 115 institutions européennes entretenant des relations financières avec 104 entreprises impliquées dans une ou plusieurs des activités contribuant au maintien de la situation illégale en Palestine.

Porté par une coalition de 25 organisations européennes et palestiniennes, ce rapport présente le travail de l’organisme de recherche Profundo, mandaté par la coalition. Entre janvier 2023 et août 2025, 310 milliards de dollars américains ont été fournis sous forme de prêts et de garanties à 104 entreprises dont les activités contribuent au maintien de la situation illégale créée par Israël dans les territoires palestiniens occupés et/ou la commission du crime de génocide.

Toutes les données financières sont disponibles sur le site de la coalition.

Le rapport inclut des recommandations à destination des entreprises, des institutions financières et des États alors que le Groupe de travail des Nations Unies sur les entreprises et les droits de humains a réaffirmé en mai 2014 que les Principes directeurs des Nations Unies : « s’appliquent à tous les investisseurs en tant qu’entreprises commerciales, indépendamment de leur taille (y compris en termes de volume d’actifs sous gestion), de leur emplacement, de leur propriété (publique, privée ou mixte) et de leur structure,  ainsi que des catégories d’actifs dans lesquelles ils investissent (…) La responsabilité de respecter les droits de l’homme signifie que les investisseurs ne doivent pas causer ou contribuer à des atteintes aux droits de l’homme, et doivent s’efforcer de prévenir ou d’atténuer les atteintes directement liées à leurs activités, produits ou services par leurs relations commerciales, y compris dans leur chaîne de valeur. »

Il rappelle par ailleurs que ces dernières années plusieurs institutions financières ont pris des mesures pour faire pression sur les entreprises complices ou les exclure. En 2025, plusieurs entreprises (dont eDreams, Alstom, Microsoft et Maersk) ont annoncé qu’elles mettaient fin, en tout ou en partie, à certaines activités qui contribuent au maintien de la situation illégale créée par Israël dans le territoire palestinien occupé et/ou à la commission du crime de génocide.

En juillet 2025, Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale aux Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, rappelait : « Au cours des 21 derniers mois, alors que le génocide israélien a détruit la vie et les paysages des Palestiniens, la bourse de Tel-Aviv a grimpé de 213 % (USD), engrangeant 225,7 milliards de dollars de gains boursiers, dont 67,8 milliards ce dernier mois. Pour certains, le génocide est rentable ». Son rapport identifie 48 entreprises distinctes, ainsi que leurs sociétés mères, filiales, franchisés, concessionnaires et partenaires de consortium dans différents secteurs, dont des fabricants d’armes, des sociétés technologiques, des institutions financières et des entreprises de construction et d’énergie.

Parmi les exemples cités, celui des entreprises qui fournissent des F-35, des drones et des technologies de ciblage et ont permis de déverser 85 000 tonnes de bombes (six fois la quantité d’Hiroshima) sur Gaza. Le rapport met aussi en évidence les géants de la technologie qui ont établi des centres de recherche et développement et des centres de données en Israël, utilisant les données palestiniennes pour la guerre de l’IA, alimentant ce que Francesca Albanese appelle un « génocide retransmis en direct ». Pour elle, les arrêts de la Cour internationale de Justice de 2024 et les mandats d’arrêt de la CPI auraient dû mettre en garde tous les acteurs, y compris les entreprises.

Francesca Albanese exhorte également les États Membres à imposer un embargo total sur les armes, à suspendre les accords commerciaux et d’investissement et à tenir les entreprises responsables des violations du droit international.