Au Liban, battre des records pour sensibiliser à la lutte contre la pollution plastique

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Mis à jour le 13/02/2023 | Publié le 05/02/2023
Quand art rime avec records, il peut aussi coïncider avec sensibilisation à l’enjeu du recyclage pour limiter l’empreinte carbone des humains. L’artiste libanaise Caroline Chaptini a une passion peu commune qu’elle met au service de l’intérêt commun.

Tout commence par un défi. Celui de perdre du poids, et donc de boire plus de 5 bouteilles d’eau dans la journée, selon les conseils de son nutritionniste. Caroline Chaptini se met à acheter beaucoup de bouteilles plastiques, si bien qu’elle ne sait plus quoi en faire : « j’avais 200 bouteilles à la maison que je ne voulais pas jeter ». Alors, l’artiste se lance avec sa fille dans la création de sa première œuvre «recyclée», un sapin de noël. C’était en 2018. 

L’année suivante, elle collecte des bouteilles partout au Liban et l’arbre est de plus en plus haut. Piquée par l’envie d’aller encore plus loin, elle se renseigne et apprend que c’est à Mexico que le plus grand arbre de Noël fait en bouteilles plastique a été érigé. « Je me suis dit : oh, je suis Libanaise, je vais dépasser ce record ! », explique-t-elle dans un sourire. 

Cinq tonnes de plastique recyclé par projet

Depuis, Caroline Chaptini bat les records du Guinness World Records, les uns après les autres : catégories œuvre en bouchons de bouteille, plus grande sphère en plastique recyclable, plus grande sculpture en bouteilles plastique, etc. Au total, cette native du nord Liban a battu 5 records mondiaux grâce à ses créations depuis 2020. 

Dans un pays où la question de la gestion des déchets est un enjeu loin d’être réglé, cette passionnée crée des œuvres d’utilité publique : « L’art est une forme d’expression qui a le pouvoir de faire changer les gens et de façonner la société. C’est une part importante de notre vie quotidienne qui peut nous aider à mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons », explique Caroline Chaptini. Au cours des trois dernières années et grâce à ses huit créations monumentales, elle a collecté et transformé plus de 5 tonnes de plastique par projet. Une goutte d’eau dans un océan de plastique… selon des chiffres de 2017, le pays produit 700 tonnes de déchets plastiques par jour « mais si chacun s’y met, ça peut changer », estime-t-elle.

Sensibilisation

Avec la crise économique et l’appauvrissement de la population libanaise*, les questions environnementales pourraient passer au second plan. Pourtant, l’artiste reste optimiste :  « Bien sûr, tout est compliqué en ce moment. Mais si tu t’arrêtes à cela, tu ne réalises jamais tes rêves. Les gens au Liban aiment recycler ou réutiliser ce qui peut l’être. Ils n’ont pas envie de laisser l’environnement se dégrader. Malheureusement, les mesures politiques ne sont pas à la hauteur de l’enjeu »

Il y a quelques mois, Caroline Chaptini s’est lancée dans un nouveau projet de sculpture géante pour alerter sur la pollution de la mer et des effets du plastique sur la biodiversité du littoral libanais. La tortue géante réalisée dans le cadre du projet baptisé Khallas plastique (fini le plastique) a été exposée au port de Tripoli dans le nord du pays. A travers ce dernier projet, 2 000 élèves ont participé à ses côtés et ont récolté 200 000 bouteilles et bouchons de plastique. 

*Depuis 2019 et le début de la crise économique au Liban, 3,28 millions de Libanais ont été poussés dans une situation de pauvreté (sur une population totale estimée à 6,7 millions de personnes). Source – Nations Unies