Covid-19 : Au Maroc, l’enjeu de l’aide médicale et sociale

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Mis à jour le 15/10/2020 | Publié le 14/05/2020

Etre en première ligne pour affronter un ennemi invisible, qu’est la Covid-19, et qui menace la vie des personnes du monde entier n’est pas chose facile. Personnel hospitalier, les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, les femmes de ménage, les agents de sécurité sont devenus des guerriers qui luttent avec acharnement contre un ennemi omniprésent.

Le Maroc comptait début mai 2020, 5505 cas confirmés 183 décès, et 2142 guérisons grâce au personnel hospitalier. Hamza, infirmier anesthésiste et réanimateur à l’hôpital de Rabat, nous parle de son quotidien.

Après des heures de travail passées à l’hôpital, « j’avais l’impression d’être porteur du Virus, j’avais l’angoisse de contaminer mes parents, surtout qu’ils sont âgés et mon père est diabétique. » Se laver, nettoyer, désinfecter sont devenus les rituels des soignants de retour chez eux. « Dès que je rentre, je passe à la douche puis je mets les vêtements que je portais au lave linge, mais l’idée de contaminer mes parents me hantait, et le doute m’envahissait».
« Seul, j’ai décidé de quitter notre maison et de me confiner dans un appartement, pour éviter tout contact avec mes parents ». Comme tous les citoyens, le personnel hospitalier respecte pleinement les consignes et les recommandations sanitaires mises en place par le gouvernement marocain pour limiter la propagation du Coronavirus. « Je lave fréquemment mes mains avec une solution hydro-alcoolique après chaque contact avec tout objet, poignets, monnaie… ».

Au Maroc le port du masque de type chirurgical, comme protection est désormais obligatoire pour tous les citoyens, sous peine de payer une amende allant de 30€ à 130€. Avant d’en arriver à cette obligation, la royauté a déclaré avoir veillé à la disponibilité des masques en quantité suffisante avec un prix de vente fixé à 7 centimes d’euros. « Quand je quitte mon appartement, je porte mon masque et quand je rentre je brique mes mains, je l’enlève je relave mes mains puis je lave mon visage» poursuit Hamza.

Le Maroc vu de l’autre coté de la Méditerranée – Efforts louables

Le Maroc ‘peut faire figure de modèle’ pour de nombreux pays européens, selon le média français myeurop.info qui révèle les résultats du plan de soutien économique et social mis en place par le Maroc pour faire face à la propagation de la Covid-19. Dans son analyse de cette stratégie, le média français souligne et loue les efforts des autorités marocaines qui se sont montrées très réactives face à la pandémie notamment à travers la fermeture de tous les établissements scolaires le 16 Mars, et la déclaration du confinement le 20 Mars alors que le Maroc ne comptabilisait que 37 cas confirmés et un seul décès.
Ces précautions s’expliquent par la faiblesse du système sanitaire marocain. « Nous sommes conscients que notre système de santé est fragile, pour le service réanimation où je travaille, il n’y avait déjà pas assez de places de réanimation avant l’apparition du coronavirus » souligne Hamza. Mis en place en 6 jours, les deux hôpitaux militaires de campagne, Benslimane et Nouaceur sont opérationnels et prêts à accueillir les patients atteints par le virus. Ils sont dotés au total de 560 lits et de deux équipes professionnelles composées de 26 médecins, 142 infirmiers et assistants, et 69 soldats en soutien. « Je salue vivement les efforts du gouvernement, du ministère de la santé et surtout des forces armées royales qui ont monté des hôpitaux de campagne mais si jamais la situation devient comme l’Italie ou l’Espagne, cela sera une galère et un cauchemar pour nous, parce que nous n’avons pas les moyens suffisants pour gérer ce genre de catastrophe», poursuit-il.

À présent, le combat avec cet ennemi invisible n’est pas encore perdu au Maroc. Il faut continuer à respecter les mesures préventives, pour aider le personnel hospitalier qui risque sa vie pour sauver celle du citoyen, et pour montrer que les sacrifices de l’état marocain sur le plan économique valent le coup. Rappelons que le pays a très tôt pris des mesures très strictes allant de la fermeture des frontières jusqu’à la fermeture des entreprises, cafés et restaurants, chose qui stagne et impacte lourdement l’économie.

La mise en place d’un fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie doté de 934 millions d’euros a atteint aujourd’hui 2.2 Milliards d’euros. Il a permis de financer les dispositifs médicaux et les infrastructures adaptées aux cas touchés par la maladie Covid-19. Un coût non négligeable pour l’économie du pays mais comme le souligne le chef du gouvernement Saad Dine El Otami « C’est le prix à payer pour éviter de lourdes pertes sur les plans humain et sanitaire ».

Situation inquiétante pour les plus démunis

4,3 millions de familles, se sont retrouvées dans une situation délicate en plein Ramadan. Elles pourront bénéficier d’aides financières, entre 76 et 113 euros par mois selon les annonces du gouvernement. Leurs revenus proviennent généralement de métiers précaires ou du secteur informel où l’on retrouve des artisans, des femmes de ménage, des vendeurs ambulants et des ouvriers du bâtiment payés à la journée. Ils sont donc privés totalement de revenus depuis le début du confinement et doivent pourtant nourrir quotidiennement leur famille. Reste à savoir si les aides promises par les autorités marocaines parviendront rapidement à ces nombreuses familles pauvres touchées de plein fouet par la pandémie.

Soukaina El Mahfoud (stagiaire journaliste en formation virtuelle à 15-38)

Photo : « Les chiffres sont en augmentation, si vous voulez nous aider restez chez vous ». Crédit Photo : Hamza

Informations gouvernementales : ICI