Covid-19 : Après un mois, le Maroc se bat pour minimiser les dégâts

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Mis à jour le 15/10/2020 | Publié le 01/04/2020

Le Maroc, un autre pays qui s’ajoute à la longue liste des pays souffrant de la pandémie COVID19, avec 600 cas confirmés, 33 décès et 15 guéris selon le ministère de la santé. Le coronavirus se répand rapidement avec des risques de mortalité élevés chez certaines personnes. Que fait le Maroc pour contrôler la propagation ? Comment les Marocains réagissent ?

Suite à l’annonce de premiers malades touchés par le COVID 19, les autorités marocaines ont commencé par suspendre les vols en provenance, de la Chine, épicentre du Virus, de l’Italie, le pays le plus touché sur le continent européen suivi de l’Espagne, de l’Algérie, puis de l’ensemble des pays du monde. Selon le ministère des affaires étrangères, cette décision s’inscrit dans le cadre des mesures préventives contre la propagation du Coronavirus.

Etat d’urgence et confinement obligatoire

Sur l’échelle nationale, et toujours dans le cadre de ces mesures, le Maroc a décidé d’annuler les rassemblements et les manifestations sportives, culturelles et artistiques tels que les grands festivals : Mawazine à Rabat, et Timitar à Agadir, de suspendre les cours dans les écoles comme dans les universités, de fermer provisoirement les mosquées, d’interdire les audiences dans les différents tribunaux du Royaume. Une autre série de mesures prises par les autorités compétentes concerne le domaine des transports publics qui prévoit de limiter à trois les places dans les grands taxis, au lieu des six en vigueur. Les autobus et tramways ne doivent pas dépasser leur capacité maximale, en limitant le nombre de passagers au nombre de sièges disponibles. Il s’agit également du lancement d’une large opération de désinfection des différentes catégories des bus de transport en commun, des tramways ainsi que les grands et petits taxis, plusieurs fois par semaine. Et la fermeture des espaces publics considérés comme non essentiels.

Le Maroc a décrété vendredi 20 Mars à partir de 18h, le confinement obligatoire des citoyens pour limiter et restreindre au maximum leurs déplacements. Des restrictions considérées comme un moyen inévitable pour limiter la propagation du coronavirus selon le ministère de l’intérieur. Ce dernier précise que le fait de quitter son domicile sera conditionné par l’obtention d’un document officiel auprès des caïds, chefs de circonscription selon ces conditions :
Se rendre au travail quand il n’y a aucune possibilité de télétravailler, pour les sociétés, les usines, les exploitations agricoles, les locaux et espaces de commerce en rapport avec la vie quotidienne du citoyen, les pharmacies, les secteurs bancaire et financier, les stations d’approvisionnement en hydrocarbures, les cliniques et cabinets médicaux, les agences des sociétés de télécommunications, les professions libérales indispensables et les locaux de vente des produits d’hygiène.

Dans ce cadre les autorités locales, les mairies, les préfectures, les Forces publiques dont la Sûreté nationale, la Gendarmerie Royale et les Forces Auxiliaires, des forces d’appui, chargées de maintenir l’ordre dans le Royaume, qui suivent un régime militaire et qui sont dépendantes du ministère de l’Intérieur, veilleront à ce que les mesures de contrôle s’appliquent avec fermeté envers toute personne présente dans l’espace public.

Dans un autre communiqué du Ministère de l’Intérieur, depuis le 21 Mars, il est désormais interdit d’utiliser les moyens de transport publics et privés entre les villes, ajoutant que le transport des marchandises et des produits de base s’effectuera dans les conditions normales pour satisfaire les besoins des citoyens, et que tout déplacement pour des raisons de santé et professionnelles prouvées par des documents délivrés par l’administration sera autorisé.

La société marocaine divisée entre celle qui respecte les mesures et l’autre qui résiste

Selon le ministère de la santé, les cas se sont manifestés dans plusieurs localités. Commençons par les deux agglomérations Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kenitra qui sont respectivement en première et deuxième position avec les nombres les plus élevés de contamination. Les habitants de ces régions mesurent l’importance du confinement pour faire face à la propagation du virus, sauf une partie qui résiste encore et qui ne respecte pas les mesures prises par l’Etat.
Les autorités sécuritaires en charge de faire respecter le confinement placées sur les ronds points, les boulevards, et même dans les ruelles pour mieux contrôler les déplacements des citoyens, les obligent donc à respecter les nouvelles mesures. Pour toute personne désobéissant aux autorités une peine d’un à trois mois de prison et une amende de 300 allant jusqu’à 1 300 dirhams sera prononcée. Des groupes de policiers sont également mobilisés afin de faire le tour des quartiers en scandant via des hauts parleurs des messages comme « Nous vous prions de rester chez vous et de ne sortir que s’il est nécessaire, nous comptons sur votre implication, et votre solidarité pour dépasser cette épreuve ensemble ».

 » Rues désertes à Salé  » région de Rabat. Crédit : Mohamed El Idrissi à Salé

El Kelaâ des Sraghnas est une ville qui n’a enregistré aucun cas de contamination. Elle est située au nord-est de la région de Marrakech-Safi au nord-est de la ville de Marrakech, qui a pourtant déclaré 43 cas. Une habitante de cette ville a déclaré que la quasi-totalité des habitants respecte ce qui a été dicté par les autorités, « Chez nous, les gens font leurs courses le matin, rarement le soir, tous les commerces ferment à 18h, et les autorités contrôlent la ville jusqu’à 6 h du matin ».

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de médecins et infirmiers insistent sur l’importance du respect des mesures préventives pour éviter d’être contaminé, en lançant un hashtag #reste_chez_toi, selon eux la meilleure façon de se prémunir contre le virus et de sauver des vies est de rester chez soi, et que la grande propagation du coronavirus risque de déborder le système de santé marocain.

Une infirmière dans un hôpital à Rabat a déclaré que « les choses sont devenues de plus en plus sérieuses, les hôpitaux sont en état d’alerte. Nous faisons des réunions régulièrement pour pouvoir gérer la situation. Un groupe veille sur les cas contaminés et un autre sur les autres malades » elle a ajouté, « nous devons nous comporter avec toutes les personnes comme si elles étaient porteuses du Virus ».

Le Maroc dispose de 44 hôpitaux qui peuvent accueillir des malades contaminés par le coronavirus, de 32 centres de consultations spécialisés, de 1640 lits de réanimation, dont 684 dans le secteur public et 504 dans le privé, 70 lits dans les structures médicales militaires et 132 dans les établissements d’intérêt général et la création programmée de 250 nouveaux lits de réanimation.

Le Royaume a annoncé récemment l’utilisation systématique de la chloroquine pour les malades atteints du coronavirus et a acheté tous les stocks disponibles dans le pays. 

Soukaina ELMAHFOUD actuellement virtuellement en stage à 15-38.

Photo Une : rue déserte de Taza, petite ville située dans la région de Fès-Meknès. Crédit : Samia N’joumi